Les sources littéraires grecques et latines sur le Proche-Orient sont parfois lacunaires ou parcellaires. Les inscriptions sont donc souvent les seuls documents écrits qui permettent d’écrire l’histoire de la région. Elles peuvent également offrir un utile contrepoint aux nombreuses découvertes archéologiques.
Par leur extrême diversité, les textes grecs et latins documentent l’histoire du Proche-Orient sous de nombreux aspects. Les inscriptions funéraires, qui constituent la grande majorité des textes connus, renseignent à la fois sur les coutumes, les relations familiales, la fonction, le métier et parfois la culture des défunts. Les textes officiels permettent d’étudier les institutions des cités, donnent le nom des magistrats ou des souverains et nous informent ainsi sur l’administration hellénistique, romaine et byzantine, sur la composition et les cantonnements de l’armée, sur l’identité et les pouvoirs des gouverneurs, sur les limites entre les différentes villes, provinces ou royaumes. Les constructions militaires, du fortin au rempart de cité, ou civiles, de la maison privée à la colonnade urbaine, ont, elles aussi, laissé de nombreuses traces épigraphiques utiles pour les caractériser et les dater.
Les bornes des propriétés ou des routes (milliaires) permettent de reconstituer l’histoire des territoires et des campagnes. L’étude des noms de personnes, souvent tirés de théonymes (noms divins), complètent aussi ce que nous apprennent les textes plus proprement religieux (dédicaces à des divinités, commémoration de constructions de temples ou d’églises) pour retracer l’histoire du paganisme et des différents monothéismes. Une bonne partie des inscriptions illustrent la pratique des offrandes, qu’il s’agisse des donations pieuses des fidèles ou de l’évergétisme des donateurs civiques. D’autres font écho à des événements plus lointains et aident parfois à les dater (ainsi de l’avènement de l’empereur Gordien III dans une inscription de Shaqqa) ou permettent de mesurer l’audience de décisions impériales majeures comme la réouverture des sanctuaires païens par l’empereur Julien en 362 (à Anz, par exemple). Enfin, la documentation épigraphique se signale au Proche-Orient par quelques textes exceptionnels, comme le Tarif de Palmyre, qui fixe les droits à payer sur les marchandises entrant dans la cité de Palmyre, la Carte de Madaba, qui figure les Lieux Saints du christianisme ancien ou la constitution de l’empereur Anastase, qui traite de l’organisation administrative de l’Orient byzantin et dont des exemplaires plus ou moins complets ont été découverts sur plusieurs sites de la Jordanie, de la Palestine et de la Syrie.
La confrontation des inscriptions des différentes régions du monde ancien permet de repérer des similitudes et des différences. On comprend l’intérêt d’un corpus général regroupant systématiquement la documentation proche-orientale et donnant aux chercheurs locaux comme à toute la communauté scientifique un outil de travail sûr, base de toute étude historique.