Plusieurs dossiers importants se distinguent au Liban, tels celui de la colonie romaine de Béryte (l’actuelle Beyrouth), exceptionnel par la place qu’y tient le latin, celui des monuments funéraires de Sidon (depuis les stèles de mercenaires hellénistiques jusqu’aux innombrables cippes de l’époque romaine), celui des dédicaces à la triade divine d’Héliopolis-Baalbek ou encore celui des inscriptions forestières latines du Mont Liban, qui rappellent encore aujourd’hui aux promeneurs dans la montagne libanaise que, sous le règne d’Hadrien, deux procurateurs romains ont été chargés de mener à bien la “délimitation des forêts” (definitio siluarum) dans les zones où l’empereur se réservait les profits tirés de l’exploitation des ressources forestières. De nombreuses bornes milliaires romaines qui jalonnaient les routes, des centaines d’inscriptions funéraires romaines et byzantines, des mosaïques inscrites fréquentes dans les églises byzantines, des textes officiels dans les cités côtières de la Phénicie sont une partie essentielle du patrimoine libanais.
Au Liban, le programme des IGLS est l’héritier direct des travaux pionniers des pères jésuites de la Faculté Orientale, devenue l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Les travaux conduits par le P. René Mouterde (1880-1961) et divers collaborateurs ont permis d’accumuler une importante documentation constituée de carnets de copies manuscrites, de photographies et d’estampages. Ces archives sont conservées à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon et à la Bibliothèque Orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Elles ont été complétées par de nouvelles prospections qui ont abouti à la parution de trois tomes du corpus (IGLS 6, 8/3 et 11). À la suite de la publication, par les soins de Julien Aliquot et de Jean-Baptiste Yon, des catalogues du Musée national de Beyrouth et du Musée de l’American University of Beirut (2016), deux nouveaux volumes sont actuellement en cours d’achèvement.
IGLS 8/1 : Beyrouth et sa région
Responsable : Julien Aliquot
Le tome IGLS 8/1 rassemble plus de quatre cents documents provenant de la capitale du Liban actuel et de son arrière-pays, avec le sanctuaire de Deir el-Qalaa, sur le versant maritime du Mont Liban. Fondé sur l’exploitation des archives du programme des IGLS, sur l’étude des collections épigraphiques des musées du Proche-Orient (Musée national de Beyrouth, musée de l’American University of Beirut) et d’Europe (Louvre) et sur les résultats de prospections épigraphiques conduites au Liban depuis 2008, il apporte des informations irremplaçables sur l’histoire de la cité antique de Béryte aux époques romaine et protobyzantine. Ce volume, publié simultanément en ligne et en accès libre, dans sa version électronique, et dans la Bibliothèque archéologique et historique de l’Institut français du Proche-Orient, dans sa version imprimée, sera le premier tome des IGLS a faire l’objet d’une édition numérique structurée selon les normes d’EpiDoc.
IGLS 8/2 : Byblos et le Liban-Nord
Responsable : Jean-Baptiste Yon
Le volume 8/2 est consacré à Byblos et au Liban-Nord, au nord du Nahr al-Kalb et à l’ouest de la ligne de crête du Mont Liban. Il rassemble les inscriptions des cités antiques d’Arca, Orthosie, Tripolis, Botrys, Byblos et de leur arrière-pays, avec une forte composante protobyzantine. Comme ailleurs, les épitaphes sont les plus nombreuses, mais on trouve également des dédicaces de monuments, dont des églises, et un ensemble important de textes religieux païens qui renseignent sur les cultes pratiqués dans la montagne libanaise dans l’Antiquité. On signalera aussi un autre exemplaire du fameux dossier de correspondance séleucide au nom d’Héliodôros, provenant de Byblos et semblable à celui de Marisa en Idumée. La publication en 2016 des catalogues du Musée national de Beyrouth et de l’American University of Beirut, ainsi que la préparation du catalogue des inscriptions du Musée du Louvre, ont utilement complété la documentation. La situation libanaise actuelle fait que certaines zones sont maintenant inaccessibles. Cependant, on peut considérer que le travail de terrain est à peu près achevé, hormis pour des découvertes ponctuelles. Le volume en est donc à l’étape de la rédaction, pour une publication à la fois imprimée aux Presses de l’Ifpo et numérique, selon la procédure mise au point pour IGLS 8/1.