Pierre-Louis Gatier s’est rendu en Arabie Saoudite, début février 2020, pour participer à la Mission archéologique franco-saoudienne de Madāʾin Ṣāliḥ, dirigée par Laïla Nehmé (CNRS, UMR 8167 Orient et Méditerranée, Ivry-sur-Seine), suite à une précédente participation en mars 2018. Il s’agissait de poursuivre l’étude des graffites grecs et latins gravés sur certains rochers et parois dans le site et ses environs. Dans l’oasis d’al-ʿUlā, Madāʾin Ṣāliḥ correspond à l’ancienne ville de Hégra, au sud du royaume des Nabatéens. Après l’annexion de ce royaume sous Trajan en 106 après J.-C., Hégra se retrouve dans la province romaine d’Arabie, à environ mille kilomètres au sud de sa capitale, Bostra.
Si les graffites grecs et plus encore les latins sont infiniment moins nombreux que les textes gravés dans différentes langues sémitiques, dont le nabatéen et l’arabe, ils constituent une source documentaire importante. Dans deux des sites de falaises examinés en 2018 et dans un site nouveau étudié en 2020, ces brèves inscriptions nomment des militaires appartenant à deux régiments des troupes romaines : l’aile des Gétules et l’aile des méharistes. L’onomastique des soldats montre qu’ils ont été recrutés dans la province même, vraisemblablement dans la deuxième moitié du iie siècle après J.-C. En revanche, parmi les graffites d’un autre site, le défilé de Mabrak al-Nāqah à une quinzaine de kilomètres au nord de Madāʾin Ṣāliḥ, dix-huit textes grecs renseignent sur une population et une période bien différentes : probablement des voyageurs de passage, avec une onomastique majoritairement chrétienne, dans l’Antiquité tardive.
À la fin de 2020, une séance du séminaire d’épigraphie grecque et latine du laboratoire Hisoma permettra de présenter ces textes en les mettant en regard de l’ensemble des inscriptions grecques et latines du site de Madāʾin Ṣāliḥ.
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